Les Galeries Lafayette d’Angers s’apprêtent à ouvrir leurs portes à Shein, le géant chinois de la fast fashion, sur une surface de 350 m² au troisième étage. L’ouverture, annoncée pour le 18 novembre, n’est pas encore confirmée — et c’est peut-être une bonne chose, tant la controverse enfle.

Pendant que Karl-Stéphane Cottendin, directeur général du BHV, confirmait hier soir sur BFM TV l’ouverture de son magasin parisien le 5 novembre, la marque Shein, elle, se retrouve au cœur d’un scandale d’une rare gravité. « L’objectif n’est pas de faire le buzz, mais de faire du commerce », a-t-il expliqué. Mais à quel prix ? Faire du commerce ne peut pas signifier fermer les yeux sur les dérives éthiques et humaines d’un partenaire.

Depuis le 1er novembre, Shein voit son image s’effondrer après la découverte de la vente de poupées à caractère pédopornographique sur sa plateforme. La Répression des fraudes a saisi la justice et alerté l’Arcom. Une situation accablante pour une enseigne déjà critiquée pour ses pratiques sociales, environnementales et commerciales.

Des militants pour la protection de l’enfance ont manifesté devant le BHV, dénonçant l’hypocrisie d’un partenariat aussi compromettant :

« Honte à Shein », « Honte au BHV », « Protégez les enfants, pas Shein », ont-ils scandé.

Sous la pression, Karl-Stéphane Cottendin a dû réagir, condamnant « très fermement » la vente de ces produits et assurant que « tout ce qui sera vendu au BHV respectera la législation française et européenne ». Des mots nécessaires, mais tardifs.

Ce matin, le ministre de l’Économie, Laurent Lescure, a annoncé vouloir suspendre la plateforme Shein en France. Une déclaration plus symbolique que concrète : sans décision de justice, aucune suspension n’est possible. L’annonce sonne donc davantage comme un coup politique que comme une mesure réelle de protection.

À Angers, la colère monte. Les commerçants locaux, déjà fragilisés, voient arriver avec stupéfaction une enseigne accusée de toutes les dérives du commerce mondialisé : exploitation des travailleurs, destruction environnementale, et désormais scandale moral.
Ils dénoncent une concurrence déloyale, fondée sur la misère et le mépris des règles les plus élémentaires du commerce équitable.

Angers mérite mieux que d’accueillir une marque symbole d’un consumérisme sans conscience. L’ouverture d’un stand Shein dans un temple du commerce français comme les Galeries Lafayette n’est pas un simple choix commercial — c’est un acte politique. Et il engage la responsabilité de tous ceux qui le cautionnent.

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